Le Roi et Moi

Il faut le dire, ma copine a des goûts en cinéma qui me font parfois grincer des dents. Comme bon nombre de jeunes femmes asiatiques, elle rafole des films avec Meg Ryan. Pire, elle adore les comédies musicales holywoodiennes des années 50, ce qui constitue pour moi une énigme. Si l'on me demande franchement ce que je pense du genre, ma réponse pourrait être une des suivantes:
- les acteurs sont tellement mauvais qu'ils sont obligés d'exprimer leurs sentiments en chanson (Keanu Reeves devrait peut-être chanter...);
- le réalisateur est tellement mauvais qu'il est obligé d'avoir les acteurs exprimer leurs sentiments en chanson;
- le scénario est tellement mauvais que les producteurs ont estimé qu'on pourrait réhausser l'intérêt du film en y rajoutant des chansons;
- il s'agit d'une sur-réaction à l'apparition du son au cinéma.
Bref, il ne m'a pas été difficile de dissimuler ma joie quand ma copine a ramené du videoclub le plus proche - un peu petit, mais avec une assez bonne sélection - Le Roi et Moi, film de 1956 avec Yul Brynner, et à classer dans la catégorie "Romance/Comédie musicale/Aventures", quoique vous chercherez les aventures.
On passera sur le colonialisme bien-pensant du film, les anachronismes, la distribution où l'on compte les asiatiques sur les doigts d'une main (on pensera aux Minstrels Shows) ou la fin en pet mouillé (je ne m'attendais pas à grand-chose, on a quand même réussi à me décevoir); on ne s'attardera pas sur le peu de cas qui est fait de l'intelligence du Roi Mongkut de Siam, le verre déformant d'Holywood rajouté à la myopie d'Anna Leonowens - dont le récit autobiographique a servi de base au film - n'autorise pas au moindre espoir de vérité historique; je dirai simplement que c'est un FILM A VOIR.
Oui, après tout ce que j'ai dit, c'est un film à voir: on trouvera vers le milieu du film - après l'entracte - une adaption de "la case de l'oncle Tom" qui est pleine de poésie. Ce sont quelques 10 minutes qui parviennent à rattraper 2h13 d'ennui mortel.